Les oiseaux descendaient vers le Sud. Il en est ainsi des courants et des grands fleuves, des vents célestes et des amours. © Némorin 2000 | Qu’avions-nous fait du monde ? Qu’en faisions-nous encore. Nous posions des mouchoirs sur les cris, étouffions les marées contraires, déplacions le limon en des jardins prospères, pour plus de récoltes encore, de sensations inertes, d’insipides victoires. Opulence des désirs, opulence des biens. Opulence de la souffrance. Déséquilibres millénaires où le démon avait, depuis bien longtemps, croqué l’ange. © Némorin 1999 |
Deux chiens se mordaient l’échine. La nuit était tombée. Ils haletaient. Ils haletaient. Leurs morsures étaient folles. Profondes, vives et folles, entaillant ce commencement de nuit pleine lunaire. Une fille attendait à l’ombre des réverbères. Il était tard. Au loin j’entendais le hurlement des gueules déchirées. Chacun s’enfonçait lentement dans sa ténébreuse solitude. La fille avait disparu. Il n’y avait plus rien. Plus rien. Que l’ombre immense des réverbères et le profond silence. Rien. © Némorin 2004 | Le voilà qu’il tourne dans la ville, s’immole du printemps des sons, de lèvres anonymes et du vacillement des corps. Les corps s’appellent, imaginent leurs regards en d’autres yeux, que la vie s’affole, que les membres vacillent, qu’il y ait un autre corps après le corps, une âme parcourue par l’éternité du monde. © Némorin 2004 |
Ils s’aimaient. Ils s’aimaient. Malgré la violence des couteaux et les regards espions, les baisers brûlaient les bouches. © Némorin 2004 > Diaporama "Birmanie" | Les pas franchissaient les portes, traversaient les murs. La goutte d’eau qui s’échappe des toits, lourde et transparente, s’écrasait sur l’asphalte, dans le profond silence de la nuit. La chaleur moite et la pluie envahissaient les coursives. Le chant des insectes avait cessé. Les hôtels dissimulaient les amours furtives, les corps qui se retrouvent dans la torridité des chambres anonymes. |
L ’odeur des corps dans l’évaporation des nuits, le silence qui sépare l’aube et l’aurore,
le souvenir d’un regard, d’un baiser étourdi,
le chant d’une vieille femme qui court le long d’une route.
Que deviennent toute cette fatigue qui envahit les membres,
les mots posés sur des papiers couchés dessous les pierres,
l’amour au fond d’un regard que l’absence dilue,
les empreintes des doigts sur la terre mouillée, les baisers envolés.
Tout ce vide entre les mains, que devient-il
Et la volonté qui brûlait les corps de l’enfance, l’impossible horizon, la quête de l’inconnu, l’ombre qui s’enfuit, le souffle de ta vie, de toutes les vies
Où vont les rêves…Où vont les rêves.
Que deviennent les fleurs posées sur les regards, au bord des précipices,
Sur les quais de gare, les halls d’aéroports,
tous les signes de mains que deviennent-ils
Les souffles qui agitent les corps, la substance des âmes, la sève qui se consume
des racines aux feuilles, et le frisson contre la joue, la caresse des saisons,
l’odeur de la pluie qui s’échappe
Où vont tous les bouquets fanés, le sang qui s’écoule aux quatre coins du monde, les désirs volés, les enfants sans visage,
le bruit dans l’étouffement des vagues,
le balancement des blés, des hanches, des âmes, le bruit et l’odeur de l’herbe coupée.
Le frottement des peaux, au bout des mots.
La musique des rivières dans le fleuve du temps, le présent qui n’est plus, déjà perdu,
qui se mélange à ce qui fût,
la chanson de l’histoire,
être et n’être plus, contre la voûte céleste,
qu’un pointillé de plus qui, doucement, s’en va et s’efface. © Némorin 2006
le souvenir d’un regard, d’un baiser étourdi,
le chant d’une vieille femme qui court le long d’une route.
Que deviennent toute cette fatigue qui envahit les membres,
les mots posés sur des papiers couchés dessous les pierres,
l’amour au fond d’un regard que l’absence dilue,
les empreintes des doigts sur la terre mouillée, les baisers envolés.
Tout ce vide entre les mains, que devient-il
Et la volonté qui brûlait les corps de l’enfance, l’impossible horizon, la quête de l’inconnu, l’ombre qui s’enfuit, le souffle de ta vie, de toutes les vies
Où vont les rêves…Où vont les rêves.
Que deviennent les fleurs posées sur les regards, au bord des précipices,
Sur les quais de gare, les halls d’aéroports,
tous les signes de mains que deviennent-ils
Les souffles qui agitent les corps, la substance des âmes, la sève qui se consume
des racines aux feuilles, et le frisson contre la joue, la caresse des saisons,
l’odeur de la pluie qui s’échappe
Où vont tous les bouquets fanés, le sang qui s’écoule aux quatre coins du monde, les désirs volés, les enfants sans visage,
le bruit dans l’étouffement des vagues,
le balancement des blés, des hanches, des âmes, le bruit et l’odeur de l’herbe coupée.
Le frottement des peaux, au bout des mots.
La musique des rivières dans le fleuve du temps, le présent qui n’est plus, déjà perdu,
qui se mélange à ce qui fût,
la chanson de l’histoire,
être et n’être plus, contre la voûte céleste,
qu’un pointillé de plus qui, doucement, s’en va et s’efface. © Némorin 2006
Y a-t-il un esprit de l’air, de l’air et du vent, un esprit des arbres, des pierres et des chemins, un esprit de l’eau et du feu. Un esprit des étoiles, des peaux qui se touchent, de la mer et du ciel, des yeux au fond des yeux, un esprit des pas sur la route, des empreintes contre les murs, un esprit de la lumière et de la nuit, des profondeurs des cœurs et de l’âme. © Némorin 2006 |
Voici des rats sur le bord du fleuve, voici des rats.
Une main pend. Voici des rats.
Une main de femme claque dans l’air comme un ouragan,
Les rats ont envahi la ville, et les serpents se réveillent.
Ta main, ma sœur, autrefois si douce et aimante,
ta main mon frère, ma sœur,
qu’en avez vous donc fait.
Les rats déboulent des égouts et tapissent les trottoirs de la nuit.
Une main pend. Nulle autre ne la serrera.
Au fond de cette main, une balle a tracé son chemin.
Et les doigts encore réunis, pointent vers l’infini, où toutes les mains se rejoignent enfin.
Les serpents ont dévoré les rats, et plus aucun cri ne s’en vient déchirer la nuit.
Tu peux dormir tranquille, ma sœur, petit frère,
et si ce semblant de vie a repris tous ses droits, si les lois vacillent entre deux reins graciles, deux paires de seins, de fesses, deux illusions sans lendemain, c’est que d’autres ont repris le flambeau qui te brûlait la main. © Némorin 2010
Une main pend. Voici des rats.
Une main de femme claque dans l’air comme un ouragan,
Les rats ont envahi la ville, et les serpents se réveillent.
Ta main, ma sœur, autrefois si douce et aimante,
ta main mon frère, ma sœur,
qu’en avez vous donc fait.
Les rats déboulent des égouts et tapissent les trottoirs de la nuit.
Une main pend. Nulle autre ne la serrera.
Au fond de cette main, une balle a tracé son chemin.
Et les doigts encore réunis, pointent vers l’infini, où toutes les mains se rejoignent enfin.
Les serpents ont dévoré les rats, et plus aucun cri ne s’en vient déchirer la nuit.
Tu peux dormir tranquille, ma sœur, petit frère,
et si ce semblant de vie a repris tous ses droits, si les lois vacillent entre deux reins graciles, deux paires de seins, de fesses, deux illusions sans lendemain, c’est que d’autres ont repris le flambeau qui te brûlait la main. © Némorin 2010
Dans la rue près du port, des hommes se tiennent droit.
Dans la rue, près du port,
vieux, fou, salaud, impertinent idiot,
des hommes sans visage se tiennent.
Que font-ils, qui sont-ils.
Il y a des chiens pas très loin d’eux, avec des yeux étranges, profondément violents, doux et violents, comme toi que j’aimais, quand tu te déhanchais sous le regard du Monde.
Petite fleur évanouie dans le battement régulier des pas,
est-ce toi que je connaissais ainsi, qui te perdais au milieu de la nuit, puis surgissais encore dans le soupir des arbres, les lumières fragiles, quand s’endorment les amants, et ces rêves de géants qui bercent les enfants.
Dans la rue, près du port, des hommes se tiennent droit.
Je ne sais rien d’eux, et tous tes secrets s’évanouissent désormais au fond de leurs poches.
Et ton sourire à jamais effacé.
Le jour va se lever. Ils auront bientôt disparu et un nouveau printemps balaiera le passé, comme si rien n’avait jamais existé. © Némorin 2010
> Diaporama "Errances Birmanes"
Dans la rue, près du port,
vieux, fou, salaud, impertinent idiot,
des hommes sans visage se tiennent.
Que font-ils, qui sont-ils.
Il y a des chiens pas très loin d’eux, avec des yeux étranges, profondément violents, doux et violents, comme toi que j’aimais, quand tu te déhanchais sous le regard du Monde.
Petite fleur évanouie dans le battement régulier des pas,
est-ce toi que je connaissais ainsi, qui te perdais au milieu de la nuit, puis surgissais encore dans le soupir des arbres, les lumières fragiles, quand s’endorment les amants, et ces rêves de géants qui bercent les enfants.
Dans la rue, près du port, des hommes se tiennent droit.
Je ne sais rien d’eux, et tous tes secrets s’évanouissent désormais au fond de leurs poches.
Et ton sourire à jamais effacé.
Le jour va se lever. Ils auront bientôt disparu et un nouveau printemps balaiera le passé, comme si rien n’avait jamais existé. © Némorin 2010
> Diaporama "Errances Birmanes"