➢ Bio "Je me souviens d'une photographie en noir et blanc, celle d'un arbre figé dans la nuit cévenole. Un fantôme de la nature pour ainsi dire, élégant dans sa lumière artificielle, aux formes sculptées par des bourrasques impitoyables. Un tronc ridé par les épreuves qui semblait hurler son pouvoir de résistance et sa promesse d'éternité. La mise en scène était soignée comme s'il s'agissait d'éclairer un modèle humain, au centre de toutes les attentions. Approche métaphorique d'une humanité en proie avec sa destiné inéluctable. Un corps donc, à la peau flétrie et aux membres pétrifiés. Au final, ce travail renvoyait à une profonde humanité. Il y avait la part du rêve, une matière à souvenir, une force de résistance et le choix ultime de l'humanisme, traits que plus tard je retrouverais souvent dans d'autres de ses travaux.
Je rencontrais ainsi pour la première fois l'œuvre de Némorin dont j'allais peu à peu découvrir les motivations." Némorin s'approprie le monde par la photographie argentique mais aussi par l'écriture. Des médiums complémentaires dans son projet artistique qui se conjuguent pour mieux véhiculer ses émotions. Les ailleurs qu'il investit avec son appareil et son carnet sont une manière de se confronter à lui-même et à sa capacité à écrire par l'image sa propre histoire. Photographe clandestin en Birmanie, sur les traces d'hommes qui marchent au Burkina Faso, éditeur de poésies, au chevet de la vie et de la mort à Bénarès, pour ne citer que quelques-unes de ses nombreuses réalisations, sa démarche est toujours empreinte de nomadisme et de poésie. Puis, de manière continue, il n'a de cesse de raconter la Cévenne profonde, de la documenter par des milliers de clichés. La Cévenne dans ses dimensions physiques et symboliques trouve chez lui une matière d'une grande richesse. Il s'agit là de l'expression de ses racines, des souffles de son enfance, de son hommage permanent aux siens. Il pourra ainsi s'émerveiller d'une simple brindille au fond d'un ruisseau comme du paysage le plus majestueux. Photographe-Écrivain du voyage, il emprunte aussi des chemins de traverse et recherche toujours des nouvelles manières de figurer. Adepte de procédés photographiques anciens, il teste contre toute attente leurs modernités dans le but de perturber l'académisme de ses portraits ou de ses scènes de rue. Les photos de Némorin sont aujourd'hui publiées dans la luxueuse revue Heaven. Au fait, après avoir écrit ces quelques lignes, je pense que cet arbre, dans l'obscurité sur la photo, était sans doute et tout simplement un autoportrait. Texte de Patrick Singh, peintre et sculpteur, |
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