Némorin : un voyage dans l'âme du Myanmar
Si les images peuvent raconter une histoire, alors les photographies de Némorin sur le Myanmar sont un conte convaincant. Kimberly Fielding parle au photographe français dont les photos sont exposées à l'Alliance Française.
Pourquoi un facteur français d'origine cévenole est-il venu au Myanmar ?
C'est un peu comme "Pourquoi le poulet a-t-il traversé la route ?" En ce que la réponse pourrait être aussi simple que "Prendre des photos" mais aussi compliquée qu'un Français.
Nemorin, connu dans le monde de la photographie, en est à sa troisième visite au Myanmar - sa première en 1999. Chaque fois qu'il vient, il passe au moins un mois à prendre des photos de "paysages humains" dans le but de "traduire l'âme."
Jusqu'à la fin de Novembre, son exposition : "Le voyage : Birmanie, un autre regard", est exposée à l'Alliance Française.
Il a exposé ses photographies à Perpignan et à Nîmes, et des projets sont en préparation pour une exposition qui parcourra tous les clubs de presse de France.
Nemorin dit qu'il était initialement fasciné par la culture demeurée intacte du Myanmar, qui selon lui reste relativement épargnée par le tourisme, et dit qu'à chaque fois qu'il vient, il découvre une facette différente du peuple.
Et ce sont les ressortissants du Myanmar, par opposition aux pagodes et aux monastères, qui l'intéressent. À l'aide de son matériel Nikon-Leica-Hasselblad, il s'est concentré sur beaucoup d’éléments, des images de mains contre le ciel aux vêtements traditionnels, au centre-ville de Yangon au coucher du soleil, en passant par des photos de cheveux de femmes.
Pour cette dernière focalisation, soutient-il, il y a une explication simple : « l’idée de la femme peut se retrouver dans sa chevelure ». Et sans l'idée, il n'y a aucun moyen de
« photographier leurs âmes », ce qui est l'objectif de Nemorin.
Des apothèques poétiques jaillissent de sa bouche facilement et sans ruse, ce qui est presque déconcertant jusqu'à ce qu'il explique qu'il écrit de la poésie et, en fait, considère les photographies comme un ajout au texte plutôt que l'inverse.
Ses photographes préférés sont Richard Avedon, Irving Penn, Henri Cartier-Bresson, et plus particulièrement le Suisse Robert Frank, que Nemorin qualifie de "Rimbaud de la photographie" en raison de son livre, Les Américains.
Bien que lorsqu'on l'interroge sur son travail de facteur, il hausse les épaules avec dédain, expliquant que tout le monde doit gagner sa vie, son statut de photographe amateur ne semble pas le déranger : il dit que cela lui donne la liberté de voyager et de prendre les photos de ce qu'il aime vraiment.
"En voyage", dit-il, "on voit toujours l'intérieur de soi. Le reste n'est que prétexte".
Sauf peut-être pour les photos.